EXTRAITS

Brouillards d'automne

par: Hélène Léveillée

 

 

 

 

 

 

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Alain Bellemare

59,35

ARPENTS

 

Et un jour, la sirène a chanté…  Papa s’est empressé de l’écouter... Il ne s’est pas fait tirer l’oreille bien longtemps et s’est dépêché de la marier… avant qu’elle ne se sauve!

  C’est là que je suis né… Dans la grand’ville! C’est par un beau jour de mai que ça s’est passé… J’étais arrivé pile. On était dimanche, dehors il faisait beau… C’était déjà comme en été!

  Tout était en fleurs. Les lilas avaient déjà commencé à embaumer jusque dans notre quatre et demi : les fenêtres étaient restées grande ouvertes à cause de la canicule qui sévissait. Les gens suçaient des glaçons… cherchaient les courants d’air… dormaient sur les balcons… buvaient de la bière! Personne dans le bloc appartement n’arrivait à dormir… même pas s’assoupir ne serait-ce qu’un instant! Surtout ceux du troisième… Notre étage à nous… Ou ceux du quatrième!... Parce que la chaleur, ça monte. Voyez-vous?… Et aussi à cause des lamentations qui s’échappaient de notre appartement! Cette nuit-là, maman a donné chaud à tout le monde dans notre rue!

  Nos voisins étaient tous en sacramant après nous… Certains ont même brandi leur poing en sacrant… Après maman qui chialait fort!... Après papa qui ne savait plus trop quoi faire pour la calmer!... Mais comme mon père avait un caractère des plus accommodants, et qu’il n’aimait pas tellement la violence, la gratuite! mon paternel a plutôt mis la faute sur le beau temps. Et contre le beau temps, nul ne peut se battre, c’est évident!… Encore moins un type chaudasse avec une grosse Molson dans les pattes!

  Jamais la rue n’avait été aussi bien parée…  Elle s’était faite belle juste pour moi! C’est sur le Plateau-Mont-Royal que je suis arrivé… Et au matin de très bonne heure, ma mère a crevé ses eaux.

  Après une nuit passée à combattre les bouffées de chaleur avec un éventail, à gémir comme une tourterelle avec le feu au derrière et à grafigner tout ce qui était à sa portée de main, ma mère s’est mise à pisser un peu partout dans l’appartement! C’était le signe qu’attendaient avec impatience mes tantes. La phase finale… Enfin! Les grosses contractions! Maman n’en pouvait plus de se tenir la jambe. Et moi non plus, d’ailleurs! Alors, j’ai fait comme elle… Je ne me suis plus retenu moi non plus!

 

 
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